Comment savoir si ma maison est une passoire thermique ?

Les passoires thermiques sont un véritable fléau pour les propriétaires, non seulement à cause des coûts énergétiques élevés, mais aussi en raison des impacts sur le confort et la santé. Une maison mal isolée peut rapidement devenir une source de tracas, notamment en hiver où il est difficile de maintenir une température agréable sans surconsommer de l'énergie. Cela se traduit par des factures de chauffage exorbitantes et une empreinte écologique accrue. De plus, une passoire thermique est un bien particulièrement difficile à vendre.

Qu'est-ce qu'une passoire thermique ?

Définition et caractéristiques de la passoire thermique

Une passoire thermique désigne un logement dont l'isolation est si médiocre qu'il laisse échapper une quantité significative de chaleur, entraînant une consommation énergétique élevée. Ce terme est souvent utilisé pour décrire des maisons ou des appartements qui, malgré une utilisation intensive du chauffage, restent inconfortablement froids en hiver et excessivement chauds en été. Les principales causes en sont:

• Une mauvaise isolation : les murs, les toitures et les planchers mal isolés permettent à la chaleur de s'échapper facilement. Les ponts thermiques, ces zones où l'isolation est interrompue, contribuent également à ces pertes de chaleur.

• Des fenêtres à simple vitrage : les fenêtres anciennes qui n'ont qu'une seule couche de verre sont de mauvais isolants. Elles permettent à la chaleur de s'échapper en hiver et laissent entrer la chaleur en été.

• Un système de chauffage inefficace : des systèmes de chauffage anciens ou mal entretenus peuvent consommer beaucoup d'énergie sans fournir un confort thermique adéquat.

Ces caractéristiques rendent les passoires thermiques non seulement coûteuses à chauffer, mais aussi inconfortables à vivre et difficiles à vendre.

Conséquences d'une maison énergivore

Les conséquences d'une maison énergivore sont multiples et peuvent avoir des impacts significatifs à plusieurs niveaux :

• Factures énergétiques exorbitantes : une maison mal isolée nécessite beaucoup plus d'énergie pour être chauffée ou refroidie, ce qui se traduit par des coûts de chauffage et de climatisation beaucoup plus élevés. En Belgique, où les hivers peuvent être rigoureux, ces dépenses peuvent devenir un fardeau financier majeur pour les ménages.

• Inconfort thermique : vivre dans une passoire thermique signifie souvent endurer des courants d'air froids, des pièces difficiles à chauffer uniformément et une sensation générale d'inconfort. En été, ces maisons peuvent devenir extrêmement chaudes et étouffantes.

• Problèmes de santé : l'humidité excessive et les moisissures qui se développent dans les maisons mal isolées peuvent causer ou aggraver des problèmes de santé. Les résidents peuvent souffrir de maladies respiratoires, d'allergies, de maux de tête et d'autres affections liées à une mauvaise qualité de l'air intérieur.

• Empreinte écologique négative : une maison énergivore consomme plus de ressources naturelles et génère davantage de gaz à effet de serre, contribuant ainsi au réchauffement climatique. Réduire la consommation énergétique de ces maisons est donc crucial pour l'environnement.

Comment reconnaître une passoire thermique

Année de construction et méthodes de construction

Les maisons construites avant 1975 sont souvent moins bien isolées car elles ne devaient pas répondre aux normes d'isolation modernes. Ces habitations ont généralement des fenêtres à simple vitrage et des matériaux de construction qui ne retiennent pas bien la chaleur. Par exemple, les murs en briques ou en pierre, fréquemment utilisés dans les anciennes constructions, offrent une isolation thermique minimale comparée aux matériaux modernes. Les plafonds et planchers peuvent également être mal isolés, ce qui contribue à des pertes de chaleur substantielles. De plus, les techniques de construction d'époque, comme l'absence de ruptures de ponts thermiques, exacerbent ces problèmes. L'ajout de matériaux isolants et le remplacement des fenêtres par du double ou triple vitrage peuvent considérablement améliorer l'efficacité énergétique de ces logements.

Taux d'humidité et variations de température

Un taux d'humidité anormalement élevé ou bas peut endommager votre maison et votre santé. Des variations de température et des courants d'air à l'intérieur sont également des indicateurs d'une mauvaise isolation. Par exemple, si vous ressentez des courants d'air froids près des fenêtres ou des portes, cela peut indiquer des fuites d'air. Un taux d'humidité élevé peut provoquer la formation de moisissures sur les murs et les plafonds, ce qui peut détériorer les structures de la maison et nuire à la santé des occupants en provoquant des allergies et des problèmes respiratoires. Inversement, un taux d'humidité trop bas peut assécher l'air, provoquant des irritations des voies respiratoires et des fissures dans les boiseries. Utiliser un hygromètre pour mesurer l'humidité et effectuer des inspections régulières des murs et des plafonds peut aider à identifier ces problèmes. L'installation de systèmes de ventilation mécanique contrôlée (VMC) peut également réguler l'humidité et améliorer la qualité de l'air intérieur.

Factures énergétiques élevées et consommation excessive

Des factures énergétiques anormalement élevées, malgré une utilisation raisonnable du chauffage, peuvent indiquer une déperdition thermique importante. Par exemple, si vos factures de chauffage augmentent significativement en hiver, cela peut être un signe que votre maison perd de la chaleur plus rapidement qu'elle ne peut être chauffée. 

En Belgique, la consommation énergétique moyenne pour un ménage de deux personnes est d'environ 3 000 kWh par an. Si votre consommation dépasse largement cette moyenne, il est probable que votre maison soit mal isolée. Les appareils de mesure de consommation énergétique, tels que les compteurs intelligents, peuvent fournir des données précises sur l'utilisation de l'énergie et aider à identifier les périodes de surconsommation. Comparer votre consommation avec des logements similaires et rechercher des conseils auprès de professionnels de l'énergie peuvent aussi révéler des inefficacités énergétiques.

Comment diagnostiquer et évaluer une passoire thermique

Diagnostic de performance énergétique (DPE)

Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est une évaluation essentielle qui mesure la consommation énergétique et l'impact environnemental d'un logement. Réalisé par un professionnel certifié, le DPE fournit une analyse détaillée de plusieurs éléments clés de votre maison :

• Consommation d'énergie primaire : le DPE calcule la quantité d'énergie nécessaire pour chauffer et climatiser votre logement, ainsi que pour la production d'eau chaude sanitaire. Cette consommation est exprimée en kWh par mètre carré et par an.

• Émissions de gaz à effet de serre : le DPE évalue également les émissions de CO2 de votre maison, un indicateur important de son impact environnemental.

• Classification énergétique : les résultats du DPE sont synthétisés sous forme d'étiquettes énergétiques, allant de A (très performant) à G (très énergivore). Une maison classée F ou G est considérée comme une passoire thermique.

Le DPE est particulièrement important lors de la vente ou de la location d'un bien immobilier, car il fournit aux acheteurs et locataires potentiels une estimation des coûts énergétiques et des travaux à prévoir.

Audit énergétique et son importance

Un audit énergétique va plus loin que le DPE en fournissant une analyse exhaustive et détaillée des performances énergétiques de votre maison. Réalisé par un expert en énergie, cet audit est indispensable pour identifier précisément les sources de déperdition de chaleur et recommander des travaux spécifiques pour améliorer l'efficacité énergétique. Voici les étapes clés d'un audit énergétique :

• Inspection visuelle : l'auditeur commence par une inspection visuelle de la maison pour évaluer l'état des murs, de la toiture, des fenêtres, des portes et du système de chauffage. Cette inspection permet de repérer les signes évidents de mauvaise isolation et de déperdition thermique.

• Analyse thermique : l'utilisation de caméras thermiques permet de détecter les ponts thermiques et les zones de déperdition de chaleur invisibles à l'œil nu. Cette technologie identifie les fuites d'air et les points faibles de l'isolation.

• Mesures de l'humidité :lL'auditeur mesure également le taux d'humidité dans différentes parties de la maison, car une humidité excessive peut nuire à l'isolation et causer des problèmes de moisissures.

• Tests d'infiltrométrie : ces tests mesurent l'étanchéité à l'air de la maison en pressurisant l'intérieur du bâtiment pour détecter les fuites d'air. Les résultats indiquent le niveau de déperdition thermique par infiltration d'air.

À la fin de l'audit, l'expert fournit un rapport détaillé contenant :

• Les points faibles de l'isolation : identification des zones spécifiques nécessitant une amélioration de l'isolation.

• Les recommandations de travaux : liste des travaux prioritaires à réaliser pour optimiser l'efficacité énergétique, avec une estimation des coûts et des économies potentielles.

• Des conseils pour les aides financières : informations sur les subventions et primes disponibles en Wallonie, Bruxelles et Flandre, ainsi que les démarches à suivre pour en bénéficier.

Comment améliorer l'efficacité énergétique d’une passoire thermique

Travaux d'isolation prioritaires

Les travaux d'isolation doivent commencer par les zones où la perte de chaleur est la plus importante : la toiture, les murs, les fenêtres et la ventilation. Une bonne isolation peut réduire considérablement les pertes thermiques et augmenter le confort de votre maison.

• La toiture est souvent la principale source de déperdition thermique, représentant jusqu'à 30 % des pertes de chaleur. L'isolation de la toiture peut être réalisée par l'intérieur (isolation des combles) ou par l'extérieur (toiture sarking). Une toiture bien isolée aide à maintenir une température constante à l'intérieur de la maison et réduit les besoins en chauffage.

• Les murs peuvent représenter entre 20 % et 25 % des pertes de chaleur. L'isolation des murs peut se faire par l'extérieur (ITE) ou par l'intérieur (ITI). L'isolation par l'extérieur est généralement plus efficace, car elle supprime les ponts thermiques et améliore l'isolation globale de la maison.

• Les fenêtres à simple vitrage sont une source majeure de pertes de chaleur. Le remplacement par des fenêtres à double ou triple vitrage peut réduire les pertes de chaleur de 10 % à 15 %. Les cadres de fenêtre en PVC ou en bois offrent une meilleure isolation que ceux en aluminium.

• Une mauvaise ventilation peut provoquer des déperditions thermiques importantes. L'installation d'une ventilation mécanique contrôlée (VMC) permet de renouveler l'air intérieur sans pertes de chaleur. Une VMC double flux est particulièrement efficace car elle récupère la chaleur de l'air vicié pour chauffer l'air entrant.

Rénovations complémentaires (chauffage, ventilation, panneaux photovoltaïques)

Outre l'isolation, plusieurs rénovations complémentaires peuvent améliorer l'efficacité énergétique de votre maison :

• Remplacement du système de chauffage : un système de chauffage obsolète consomme beaucoup d'énergie pour peu d'efficacité. Remplacer une vieille chaudière par un modèle à condensation ou une pompe à chaleur peut réduire significativement la consommation énergétique. Les poêles à granulés sont également une option écologique et économique.

• Installation de systèmes de ventilation : une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) améliore la qualité de l'air intérieur et réduit les pertes de chaleur. Une VMC double flux récupère la chaleur de l'air extrait pour chauffer l'air entrant, augmentant ainsi l'efficacité énergétique.

• Panneaux photovoltaïques : installer des panneaux photovoltaïques permet de produire de l'électricité renouvelable, réduisant ainsi la dépendance aux énergies fossiles et les factures d'électricité. L'électricité produite peut être utilisée pour alimenter les appareils électroménagers, le chauffage ou la climatisation.

 Aides et subventions en Belgique (Wallonie, Bruxelles, Flandre)

Des aides financières sont disponibles pour les rénovations énergétiques, rendant les travaux plus abordables pour les propriétaires.

• En Wallonie : Les Primes Habitation, disponibles depuis le 1er juillet 2023, aident à financer divers travaux de rénovation énergétique. Les propriétaires doivent réaliser un audit énergétique pour déterminer les travaux nécessaires et déposer une demande unique pour regrouper les différentes primes.

• À Bruxelles : Les primes Rénolution, mises en place depuis le 1er janvier 2022, englobent les primes énergie et les primes à la rénovation de l'habitat. Les conditions varient selon le type de travaux et les revenus du ménage. Les propriétaires doivent consulter le site Rénolution pour les détails et les procédures.

• En Flandre : Le système Mijn Verbouw Premie offre des aides pour divers travaux, notamment l'isolation de la toiture, des murs et des sols, le remplacement des fenêtres et des portes, ainsi que l'installation de systèmes de chauffage renouvelable et de panneaux photovoltaïques. Les demandes se font via le site Mijn Verbouw Premie.

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